vendredi 12 janvier 2018

Résister


Paul Auster dans l’entretien au long cours qu’il a donné à la revue America. « La démocratie n’est jamais
totalement acquise », rappelle-t-il. Celui qu’il nomme N°45 pour ne pas avoir à prononcer le nom du président des Etats-Unis a été élu avec trois millions de voix en moins que son adversaire démocrate, du fait de la loi électorale américaine : « quand on regarde le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan, Hillary Clinton perd de soixante-dix-huit mille voix. Ce qui représente le nombre de personnes présentes dans un stade lors d’un match de football américain… » Sur un total de cent vingt millions de votes, « un stade de foot nous a fait basculer sous le règne de N°45 ». Dès lors, la machine à « démanteler le système en place » s’est mise en route : « le ministre de la Santé ne croit pas en l’assurance maladie, la ministre de l’Éducation ne croit pas en l’école publique, l’Agence pour la protection de l’environnement nie le réchauffement climatique », un terme qui « n’est même plus autorisé à l’Agence »… Mais pour l’écrivain, c’est depuis les années 60 que « nous faisons marche arrière ». Car « au fil des ans quelque chose de fondamental a changé : ce que représente l’Amérique à nos yeux. Nous avons toujours cru que nos institutions étaient solides. » Et le « cycle populiste » que l’on voit se confirmer dans toutes les grandes démocraties dénote une perte de confiance dans ces institutions, alimentée par une « colère » sans objectif clairement assigné. En ce qui concerne son pays, Paul Auster estime que ce sont les années Reagan qui « ont irrémédiablement inversé la façon dont on pense le gouvernement en Amérique ». C’est pourquoi il insiste sur le bilan d’Obama, même s’il est réservé sur sa politique internationale : « Sous son double mandat, il n’y a pas eu un seul scandale, pas un seul cas de corruption, pas une seule accusation. Cela suffit à faire de lui un président 
extraordinaire. » 
Par Jacques Munier

Nouveau roman de Paul Auster: 4321 Actes Sud

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